1801
Quatre grands fleuves, ayant leurs sources dans les mêmes montagnes, divisaient ces régions immenses : le fleuve Saint-Laurent, qui se perd à l'est dans le golfe de son nom ; la rivière de l'Ouest, qui porte ses eaux à des mers inconnues ; le fleuve Bourbon, qui se précipite du midi au nord dans la baie d'Hudson, et le Meschacebé [Vrai nom du Mississippi ou Meschassipi. (N.d.A.)] qui tombe du nord au midi dans le golfe du Mexique.
Ce dernier fleuve, dans un cours de plus de mille lieues, arrose une délicieuse contrée, que les habitants des Etats-Unis appellent le nouvel Eden, et à laquelle les Français ont laissé le doux nom de Louisiane. Mille autres fleuves, tributaires du Meschacebé, le Missouri, l'Illinois, l'Akanza, l'Ohio, le Wabache, le Tenase, l'engraissent de leur limon et la fertilisent de leurs eaux. Quand tous ces fleuves se sont gonflés des déluges de l'hiver, quand les tempêtes ont abattu des pans entiers de forêts, les arbres déracinés s'assemblent sur les sources. Bientôt la vase les cimente, les lianes les enchaînent, et des plantes, y prenant racine de toutes parts, achèvent de consolider ces débris. Charriés par les vagues écumantes, ils descendent au Meschacebé : le fleuve s'en empare, les pousse au golfe Mexicain, les échoue sur des bancs de sable, et accroît ainsi le nombre de ses embouchures. Par intervalles, il élève sa voix en passant sur les monts, et répand ses eaux débordées autour des colonnades des forêts et des pyramides des tombeaux indiens ; c'est le Nil des déserts. Mais la grâce est toujours unie à la magnificence dans les scènes de la nature : tandis que le courant du milieu entraîne vers la mer les cadavres des pins et des chênes, on voit sur les deux courants latéraux remonter, le long des rivages, des îles flottantes de pistia et de nénuphar, dont les roses jaunes s'élèvent comme de petits pavillons. Des serpents verts, des hérons bleus, des flamants roses, de jeunes crocodiles, s'embarquent passagers sur ces vaisseaux de fleurs et la colonie, déployant au vent ses voiles d'or, va aborder endormie dans quelque anse retirée du fleuve.
Les deux rives du Meschacebé présentent le tableau le plus extraordinaire. Sur le bord occidental, des savanes se déroulent à perte de vue ; leurs flots de verdure, en s'éloignant, semblent monter dans l'azur du ciel, où ils s'évanouissent. On voit dans ces prairies sans bornes errer à l'aventure des troupeaux de trois ou quatre buffles sauvages. Quelquefois un bison chargé d'années, fendant les flots à la nage, se vient coucher, parmi de hautes herbes, dans une île du Meschacebé. A son front orné de deux croissants, à sa barbe antique et limoneuse, vous le prendriez pour le dieu du fleuve, qui jette un oeil satisfait sur la grandeur de ses ondes et la sauvage abondance de ses rives.
Telle est la scène sur le bord occidental ; mais elle change sur le bord opposé, et forme avec la première un admirable contraste. Suspendus sur le cours des eaux, groupés sur les rochers et sur les montagnes, dispersés dans les vallées, des arbres de toutes les formes, de toutes les couleurs, de tous les parfums, se mêlent, croissent ensemble, montent dans les airs à des hauteurs qui fatiguent les regards. Les vignes sauvages, les bignonias, les coloquintes, s'entrelacent au pied de ces arbres, escaladent leurs rameaux, grimpent à l'extrémité des branches, s'élancent de l'érable au tulipier, du tulipier à l'alcée, en formant mille grottes, mille voûtes, mille portiques. Souvent, égarées d'arbre en arbre, ces lianes traversent des bras de rivière sur lesquels elles jettent des ponts de fleurs. Du sein de ces massifs le magnolia élève son cône immobile ; surmonté de ses larges roses blanches, il domine toute la forêt, et n'a d'autre rival que le palmier, qui balance légèrement auprès de lui ses éventails de verdure.
Une multitude d'animaux placés dans ces retraites par la main du Créateur y répandent l'enchantement et la vie. De l'extrémité des avenues on aperçoit des ours, enivrés de raisins, qui chancellent sur les branches des ormeaux ; des cariboux se baignent dans un lac ; des écureuils noirs se jouent dans l'épaisseur des feuillages ; des oiseaux moqueurs, des colombes de Virginie, de la grosseur d'un passereau, descendent sur les gazons rougis par les fraises ; des perroquets verts à têtes jaunes, des piverts empourprés, des cardinaux de feu, grimpent en circulant au haut des cyprès ; des colibris étincellent sur le jasmin des Florides, et des serpents-oiseleurs sifflent suspendus aux dômes des bois en s'y balançant comme des lianes.
Si tout est silence et repos dans les savanes de l'autre côté du fleuve, tout ici, au contraire, est mouvement et murmure : des coups de bec contre le tronc des chênes, des froissements d'animaux qui marchent, broutent ou broient entre leurs dents les noyaux des fruits ; des bruissements d'ondes, de faibles gémissements, de sourds meuglements, de doux roucoulements, remplissent ces déserts d'une tendre et sauvage harmonie. Mais quand une brise vient à animer ces solitudes, à balancer ces corps flottants, à confondre ces masses de blanc, d'azur, de vert, de rose, à mêler toutes les couleurs, à réunir tous les murmures, alors il sort de tels bruits du fond des forêts, il se passe de telles choses aux yeux, que j'essayerais en vain de les décrire à ceux qui n'ont point parcouru ces champs primitifs de la nature.
Après la découverte du Meschacebé par le père Marquette et l'infortuné La Salle, les premiers Français qui s'établirent au Biloxi et à la Nouvelle-Orléans firent alliance avec les Natchez, nation indienne dont la puissance était redoutable dans ces contrées. Des querelles et des jalousies ensanglantèrent dans la suite la terre de l'hospitalité. Il y avait parmi ces sauvages un vieillard nommé Chactas [La voix harmonieuse. (N.d.A.)], qui, par son âge, sa sagesse et sa science dans les choses de la vie, était le patriarche et l'amour des déserts. Comme tous les hommes, il avait acheté la vertu par l'infortune. Non seulement les forêts du Nouveau-Monde furent remplies de ses malheurs, mais il les porta jusque sur les rivages de la France. Retenu aux galères à Marseille par une cruelle injustice, rendu à la liberté, présenté à Louis XIV, il avait conversé avec les grands hommes de ce siècle et assisté aux fêtes de Versailles, aux tragédies de Racine, aux oraisons funèbres de Bossuet ; en un mot, le sauvage avait contemplé la société à son plus haut point de splendeur.
Depuis plusieurs années, rentré dans le sein de sa patrie, Chactas jouissait du repos. Toutefois le ciel lui vendait encore cher cette faveur : le vieillard était devenu aveugle. Une jeune fille l'accompagnait sur les coteaux du Meschacebé, comme Antigone guidait les pas d'Oedipe sur le Cythéron, ou comme Malvina conduisait Ossian sur les rochers de Morven.
Malgré les nombreuses injustices que Chactas avait éprouvées de la part des Français, il les aimait. Il se souvenait toujours de Fénelon, dont il avait été l'hôte, et désirait pouvoir rendre quelque service aux compatriotes de cet homme vertueux. Il s'en présenta une occasion favorable. En 1725, un Français nommé René, poussé par des passions et des malheurs, arriva à la Louisiane. Il remonta le Meschacebé jusqu'aux Natchez, et demanda à être reçu guerrier de cette nation. Chactas l'ayant interrogé, et le trouvant inébranlable dans sa résolution, l'adopta pour fils, et lui donna pour épouse une Indienne appelée Céluta. Peu de temps après ce mariage, les sauvages se préparèrent à la chasse du castor.
Chactas, quoique aveugle, est désigné par le conseil des Sachems [Vieillards ou conseillers. (N.d.A.)] pour commander l'expédition, à cause du respect que les tribus indiennes lui portaient. Les prières et les jeûnes commencent ; les jongleurs interprètent les songes ; on consulte les Manitous ; on fait des sacrifices de petun ; on brûle des filets de langue d'orignal ; on examine s'ils pétillent dans la flamme, afin de découvrir la volonté des Génies ; on part enfin, après avoir mangé le chien sacré. René est de la troupe. A l'aide des contre-courants, les pirogues remontent le Meschacebé, et entrent dans le lit de l'Ohio. C'est en automne. Les magnifiques déserts du Kentucky se déploient aux yeux étonnés du jeune Français. Une nuit, à la clarté de la lune, tandis que tous les Natchez dorment au fond de leurs pirogues, et que la flotte indienne, élevant ses voiles de peaux de bêtes, fuit devant une légère brise, René, demeuré seul avec Chactas, lui demande le récit de ses aventures. Le vieillard consent à le satisfaire, et, assis avec lui sur la poupe de la pirogue, il commence en ces mots:
1. Quel était le vrai nom du Mississippi?
2. Qu'est ce qui se trouve sur le bord occidental du Mississippi?
3. Quel animal ressemble à un dieu du fleuve?
4. Donnez un autre nom pour la Louisiane.
5. Décrivez le bord oriental du fleuve.
6. Quel arbre domine la forêt?
7. Quel animal donne "des coups de bec contre le tronc des des chênes"?
8. Qui a découvert le Mississippi?
9. Comment est-ce que Chactas est devenu vertueux?
10. Qui est René par rapport à Chactas?
" Mon père, dit-elle d'une voix affaiblie en s'adressant au religieux, je touche au moment de la mort. O Chactas ! écoute sans désespoir le funeste secret que je t'ai caché, pour ne pas te rendre trop misérable et pour obéir à ma mère. Tâche de ne pas m'interrompre par des marques d'une douleur qui précipiterait le peu d'instants que j'ai à vivre. J'ai beaucoup de choses à raconter, et aux battements de ce coeur, qui se ralentissent... à je ne sais quel fardeau glacé que mon sein soulève à peine... je sens que je ne me saurais trop hâter. "
Après quelques moments de silence, Atala poursuivit ainsi :
" La triste destinée a commencé presque avant que j'eusse vu la lumière. Ma mère m'avait conçue dans le malheur ; je fatiguais son sein, et elle me mit au monde avec de grands déchirements d'entrailles ; on désespéra de ma vie. Pour sauver mes jours, ma mère fit un voeu, elle promit à la Reine des Anges que je lui consacrerais ma virginité si j'échappais à la mort... Voeu fatal, qui me précipite au tombeau !
J'entrais dans ma seizième année lorsque je perdis ma mère. Quelques heures avant de mourir, elle m'appela au bord de sa couche. " Ma fille, me dit-elle en présence d'un missionnaire qui consolait ses derniers instants ; ma fille, tu sais le voeu que j'ai fait pour toi. Voudrais-tu démentir ta mère ? O mon Atala ! je te laisse dans un monde qui n'est pas digne de posséder une chrétienne, au milieu d'idolâtres qui persécutent le Dieu de ton père et le mien, le Dieu qui, après t'avoir donné le jour, te l'a conservé par un miracle. Eh ! ma chère enfant, en acceptant le voile des vierges, tu ne fais que renoncer aux soucis de la cabane et aux funestes passions qui ont troublé le sein de ta mère ! Viens donc, ma bien-aimée, viens, jure sur cette image de la Mère du Sauveur, entre les mains de ce saint prêtre et de ta mère expirante, que tu ne me trahiras point à la face du ciel. Songe que je me suis engagée pour toi, afin de te sauver la vie, et que si tu ne tiens ma promesse tu plongeras l'âme de ta mère dans des tourments éternels. "
O ma mère ! pourquoi parlâtes-vous ainsi ! O religion qui fais à la fois mes maux et ma félicité, qui me perds et qui me consoles ! Et toi, cher et triste objet d'une passion qui me consume jusque dans les bras de la mort, tu vois maintenant, ô Chactas, ce qui a fait la rigueur de notre destinée !... Fondant en pleurs et me précipitant dans le sein maternel, je promis tout ce qu'on me voulut faire promettre. Le missionnaire prononça sur moi les paroles redoutables, et me donna le scapulaire qui me lie pour jamais. Ma mère me menaça de sa malédiction si jamais je rompais mes veux, et après m'avoir recommandé un secret inviolable envers les païens, persécuteurs de ma religion, elle expira en me tenant embrassée.
Je ne connus pas d'abord le danger de mes serments. Pleine d'ardeur et chrétienne véritable, fière du sang espagnol qui coule dans mes veines, je n'aperçus autour de moi que des hommes indignes de recevoir ma main ; je m'applaudis de n'avoir d'autre époux que le Dieu de ma mère. Je te vis, jeune et beau prisonnier, je m'attendris sur ton sort, je t'osai parler au bûcher de la forêt : alors je sentis tout le poids de mes voeux. "
.......
" - Ma fille, interrompit le missionnaire, votre douleur vous égare. Cet excès de passion auquel vous vous livrez est rarement juste, il n'est pas même dans la nature ; et en cela il est moins coupable aux yeux de Dieu, parce que c'est plutôt quelque chose de faux dans l'esprit que de vicieux dans le coeur. Il faut donc éloigner de vous ces emportements, qui ne sont pas dignes de votre innocence. Mais aussi, ma chère enfant, votre imagination impétueuse vous a trop alarmée sur vos voeux. La religion n'exige point de sacrifice plus qu'humain. Ses sentiments vrais, ses vertus tempérées, sont bien au-dessus des sentiments exaltés et des vertus forcées d'un prétendu héroïsme. Si vous aviez succombé, eh bien ! pauvre brebis égarée, le bon Pasteur vous aurait cherchée pour vous ramener au troupeau. Les trésors du repentir vous étaient ouverts : il faut des torrents de sang pour effacer nos fautes aux yeux des hommes, une seule larme suffit à Dieu. Rassurez-vous donc, ma chère fille, votre situation exige du calme ; adressons-nous à Dieu, qui guérit toutes les plaies de ses serviteurs. Si c'est sa volonté, comme je l'espère, que vous échappiez à cette maladie, j'écrirai à l'évêque de Québec : il a les pouvoirs nécessaires pour vous relever de vos voeux, qui ne sont que des voeux simples, et vous achèverez vos jours près de moi avec Chactas votre époux. "
A ces paroles du vieillard, Atala fut saisie d'une longue convulsion, dont elle ne sortit que pour dompter des marques d'une douleur effrayante. " Quoi ! dit-elle en joignant les deux mains avec passion, il y avait du remède ! Je pouvais être relevée de mes voeux ! " - " Oui, ma fille, répondit le père, et vous le pouvez encore. " - " Il est trop tard, il est trop tard ! s'écria-t-elle. Faut-il mourir au moment où j'apprends que j'aurais pu être heureuse ! Que n'ai-je connu plus tôt ce saint vieillard ! Aujourd'hui, de quel bonheur je jouirais avec toi, avec Chactas chrétien... consolée, rassurée par ce prêtre auguste... dans ce désert... pour toujours... Oh ! c'eût été trop de félicité ! " - " Calme-toi, lui dis-je en saisissant une des mains de l'infortunée ; calme-toi, ce bonheur, nous allons le goûter. " - " Jamais ! jamais ! " dit Atala. - " Comment ? " repartis-je. - " Tu ne sais pas tout, s'écria la vierge : c'est hier... pendant l'orage... J'allais violer mes voeux : j'allais plonger ma mère dans les flammes de l'abîme ; déjà sa malédiction était sur moi, déjà je mentais au Dieu qui m'a sauvé la vie... Quand tu baisais mes lèvres tremblantes, tu ne savais pas que tu n'embrassais que la mort ! " - " O ciel ! s'écria le missionnaire, chère enfant, qu'avez-vous fait ? " - " Un crime, mon père, dit Atala les yeux égarés ; mais je ne perdais que moi, et je sauvais ma mère. " - " Achève donc, " m'écriai-je plein d'épouvante. - " Eh bien ! dit-elle, j'avais prévu ma faiblesse ; en quittant les cabanes, j'ai emporté avec moi... " - " Quoi ? " repris-je avec horreur. - " Un poison ? " dit le père. " Il est dans mon sein ", s'écria Atala.
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Hélas ! ce fut en vain qu'il essaya d'apporter quelque remède aux maux d'Atala. La fatigue, le chagrin, le poison, et une passion plus mortelle que tous les poisons ensemble, se réunissaient pour ravir cette fleur à la solitude. Vers le soir, des symptômes effrayants se manifestèrent ; un engourdissement général saisit les membres d'Atala, et les extrémités de son corps commencèrent à refroidir : " Touche mes doigts, me disait-elle : ne les trouves-tu pas bien glacés ? " Je ne savais que répondre, et mes cheveux se hérissaient d'horreur ; ensuite elle ajoutait : " Hier encore, mon bien-aimé, ton seul toucher me faisait tressaillir, et voilà que je ne sens plus ta main, je n'entends presque plus ta voix, les objets de la grotte disparaissent tour à tour. Ne sont-ce pas les oiseaux qui chantent ? Le soleil doit être prés de se coucher maintenant ; Chactas, ses rayons seront bien beaux au désert, sur ma tombe ! "
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" - Ma fille, " répondit le bon religieux en versant des larmes et les essuyant avec ses doigts tremblants et mutilés ; " ma fille, tous vos malheurs viennent de votre ignorance ; c'est votre éducation sauvage et le manque d'instruction nécessaire qui vous ont perdue ; vous ne saviez pas qu'une chrétienne ne peut disposer de sa vie. Consolez-vous donc, ma chère brebis. Dieu vous pardonnera à cause de la simplicité de votre coeur. Votre mère et l'imprudent missionnaire qui la dirigeait ont été plus coupables que vous ; ils ont passé leurs pouvoirs en vous arrachant un voeu indiscret ; mais que la paix du Seigneur soit avec eux ! Vous offrez tous trois un terrible exemple des dangers de l'enthousiasme et du défaut de lumières en matière de religion. Rassurez-vous, mon enfant : celui qui sonde les reins et les coeurs vous jugera sur vos intentions, qui étaient pures, et non sur votre action, qui est condamnable.
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Le prêtre ouvrit le calice ; il prit entre ses deux doigts une
hostie blanche comme la neige, et s'approcha d'Atala en prononçant
des mots mystérieux. Cette sainte avait les yeux levés au
ciel, en extase. Toutes ses douleurs parurent suspendues, toute sa vie
se rassembla sur sa bouche ; ses lèvres s'entrouvrirent, et vinrent
avec respect chercher le Dieu caché sous le pain mystique. Ensuite
le divin vieillard trempe un peu de coton dans une huile consacrée
; il en frotte les tempes d'Atala, il regarde un moment la fille mourante,
et tout à coup ces fortes paroles lui échappent " Partez,
âme chrétienne, allez rejoindre votre Créateur ! "
Relevant alors ma tête abattue, je m'écriai en regardant le
vase où était l'huile sainte : " Mon père, ce remède
rendra-t-il la vie à Atala ? - Oui, mon fils, dit le vieillard en
tombant dans mes bras, la vie éternelle ! " Atala venait d'expirer.
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La lune prêta son pâle flambeau à cette veillée
funèbre. Elle se leva au milieu de la nuit, comme une blanche vestale
qui vient pleurer sur le cercueil d'une compagne. Bientôt elle répandit
dans les bois ce grand secret de mélancolie qu'elle aime à
raconter aux vieux chênes et aux rivages antiques des mers. De temps
en temps le religieux plongeait un rameau fleuri dans une eau consacrée,
puis, secouant la branche humide, il parfumait la nuit des baumes du ciel.
Parfois il répétait sur un air antique quelques vers d'un
vieux poète nommé Job ; il disait :
" J'ai passé comme une fleur ; j'ai séché comme
l'herbe des champs.
1. Quand est-ce que les problèmes d'Atala ont commencé?
2. Qui est la "Reine des Anges"?
3. Quel âge avait Atala quand sa mère est morte?
4. Qu'est-ce qu'Atala jure à sa mère?
5. Comment meurt la mère d'Atala?
6. Pourquoi est-ce qu"Atala prend du poison?
7. Selon le missionnaire, est-ce que dieu juge selon les intentions
ou selon les actions?
8. Quel remède est-ce que le prêtre donne à Atala?
9. Quel pouvoir avait la fleur de magnolia?
10. Expliquez la signification les vers,"j'ai passé comme une
fleur; j'ai séché comme l'herbe des champs."