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La Marseillaise Noire
Chant de paix
Camille Naudin, Nouvelle-Orléans, 17 juin 1867
Fils d’Africains! Tristes victimes,
Qu’un joug absurde abrutissait.
De monstres oubliant les crimes,
Pensons à Jésus qui disait: (bis)
« Peuples, plus de sang, plus de guerre
« Qui font rougir l’humanité,
« Moi je suis la Fraternité,
« Embrassez-vous, vous êtes frères. »
Debout! L’heure est venue, à chaque travailleur
Le pain (bis) qu’il a gagné, qu’importe sa couleur.
Assez longtemps! le fouet infâme
De ses sillons nous a brisés,
Sans nom, sans patrie et sans âme;
Assez de fers! De honte, assez! (bis)
Que dans une sainte alliance
Les noirs et les blancs confondus
À la mort des anciens abus,
Marchant tous pleins de confiance,
Debout! L’heure est venue, à chaque travailleur
Le pain (bis) qu’il a gagné, qu’importe sa couleur.
Debout! C’est l’heure solennelle!
Où sur le vieux monde écroulé
Le despotisme qui chancelle
Vient couronner la Liberté,
La discorde reprend sa pomme,
La raison humaine grandit;
C’est l’intelligence et l’esprit
Et non plus la peau qui fait l’homme.
Debout! L’heure est venue, à chaque travailleur
Le pain (bis) qu’il a gagné, qu’importe sa couleur.
Plus d’ombre! partout la lumière,
C’est l’Évangile qui paraît;
Le Blanc dit au Noir: mon frère,
À jamais Caïn disparaît
Plus de sang! L’impie ignorance,
Arme terrible du tyran
Aux peuples s’entredéchirant,
Ne dit plus: mort, sang et vengeance.
Debout! L’heure est venue, à chaque travailleur
Le pain (bis) qu’il a gagné, qu’importe sa couleur.
Allons! malgré votre race,
Hommes de couleur, unissez-vous;
Car le soleil luit pour tous.
Que chaque peuple heureux, prospère,
Au fronton de l’humanité,
Grave ces mots: en toi j’espère,
Tu règneras, Égalité. |