Bibliographie des Feuilletons du Courrier de la Louisiane: 1843-1849.


Introduction

Le but de cette bibliographie commentée est de faire connaître les feuilletons publiés dans le Courrier de la Louisiane entre 1843 et 1849 d'une façon systématique et aussi complète que possible. Sa structure s'avère donc assez simple: la présentation de données bibliographiques suivies d'un résumé du texte.

En abordant cette étude, la première épreuve à traiter était celle de délimiter sa portée. Cette bibliographie s'est bornée dès le début aux textes publiés sous la rubrique « Feuilleton du Courrier » . Ensuite, un autre défi—celui de choisir des textes appropriés—s'est relevé en partie de l'ambigüité du mot « feuilleton » , tant en ce qui concerne sa forme que son contenu. A l'origine distribué en supplément indépendant, le feuilleton français se retrouve plus tard « dans le corps lui-même du journal pour en constituer la partie inférieure de la page (le « rez-de-chaussée » ), séparée du texte au-dessus par un trait horizontal » (Oscarsson 435). Certains feuilletons du Courrier correspondent à cette description, surtout ceux de 1843-44, alors que d'autres se trouvent dans les colonnes mêmes du journal. Evidemment, je me suis intéressé à tout ce qui affichait le titre « Feuilleton du Courrier » . Les feuilletons dit «du Courrier » se distinguent donc des autres feuilletons de par leur origine louisianaise, car le journal publie beaucoup plus d'oeuvres françaises—d'Eugène Sue ou de Frédéric Soulié, entre autres—que de feuilletons provenant de la Louisiane.

Quant au contenu, le feuilleton louisianais ne semble pas avoir le sens étroit de « roman-feuilleton » , mais plutôt demeure dans le domaine du feuilleton au sens plus large, qui comprend tout : chroniques, littérature, faits divers, critiques. Pourtant, le « Feuilleton du Courrier » réserve de loin la part du lion aux oeuvres de fiction écrite en prose. J'ai donc essayé de mettre en valeur ce que nous pouvons appeler « prose romanesque » , cette catégorie comprenant tout ce qui est conte, nouvelle, roman ou anecdote. En outre, puisque la mission de cette bibliographie est de faire connaître la littérature louisianaise, j'ai également admis certains textes écrits en vers ou que l'on peut classer plutôt comme essai ou chronique. Parmi ceux-ci: le drame Agnès de Méranie ou l'essai « La Marmite qui bout » , par exemple. Par contre, j'en ai exclu d'autres—très peu, cependant—que l'on peut vraiment considérer comme « variétés » : parmi ceux-ci, quelques articles de Louis Placide Canonge sur le théâtre néo-orléanais.

Pour rédiger cette bibliographie, j'ai pu me servir des microfilms disponibles à la Bibliothèque de l'Etat de la Louisiane à Bâton Rouge. Le contenu de ces rouleaux représente une collection assez complète du Courrier de la Louisiane entre 1843 et 1849. Pourtant, on trouve çà et là des numéros qui manquent, et parfois ces lacunes peuvent nuire à une étude comme celle-ci. Par exemple, il nous manque le premier fascicule de l'excellent feuilleton « Une Enigme » , de Louis LeFranc. Il y a également maints cas où l'état du journal au moment de la mise sur microfilm n'a laissé qu'une version irrémédiablement corrompue du texte. Tantôt il s'agit d'un bord de page plié, comme c'est le cas à la fin d' « Un Frère de Judas » de Flavien de las Deûmès, tantôt d'une colonne où l'encre est devenue trop fade pour permettre une bonne lecture. Pourtant, il faut avouer que, dans son ensemble, cette collection est sans doute la plus complète qui existe à l'heure actuelle.

Hormis ces hics, j'ai également eu affaire à quelques difficultés relevant du journal même. Notamment, il m'est arrivé plusieurs fois de remarquer des feuilletons dont le Courrier n'imprime pas la totalité. C'est le cas, par exemple, avec Les Mystères des bords du Mississippi et « Innocente indiscrétion » . Ces lacunes peuvent être aussi bien la faute des feuilletonnistes que du journal; il nous reste néanmoins des fragments inachevés. Je dois aussi remarquer une particularité bibligraphique assez curieuse. En été 1843, le numérotage du Courrier subit un étrange changement. Alors que l'édition du 28 juillet est le numéro 8309 du volume 36, celle du 3 août se veut le numéro 3817. Cette inversion persiste assez longtemps avant d'être corrigée.

Il se trouve parmi ces feuilletons bien des textes de qualité fort médiocre. Pourtant, on y découvre certains qui justifient tous les efforts que les chercheurs peuvent consacrer à la littérature louisianaise. Lorsqu'on récolte le coton, une partie de la tâche consiste à séparer les graines, d'un côté, de la fibre propice au tissage, de l'autre. Ce travail ne se veut pas autrement.


Bibliographie

Angelo. « Dernières heures à Rome » . 28 avril 1843 (36, 8242).

  • L'auteur évoque ses souvenirs d'une dernière nuit passée à Rome avant de quitter l'Italie. Guidé par « l'ombre » de l'antique cité, le narrateur parcourt la ville en visitant quelques grands monuments, notamment le Colisée.

—. « Souvenirs d'outre-mer » . 11 mai 1843 (36, 8253); 13 mai 1843 (36, 8254); 18 mai 1843 (36, 8259); 20 mai 43 (36, 8261); 25 mai 43 (36, 8265); 26 mai 43 (36, 8266); 27 mai 43 (36, 8267); 7 mai 43 (36, 8276). [publié plus tard sous la rubrique « variétés » ].

  • Eudore, le narrateur, vit comblé de bonheur au sein d'une famille de trois filles et leur mère. Comme Eudore aime se livrer à la rêverie, une des filles le surprend pendant un de ces moments de méditation. Pour le « punir » , ses convives le jugent coupable, tout plaisamment, d'avoir eu des pensées tristes sans les partager. La mère prononce sa sentence : Eudore doit les accompagner à l'Ermitage, une demeure abandonnée. Au cours d'un long monologue exposant ses réflexions philosophiques, il s'avoue fataliste, mais affirme avoir trouvé une étoile d'espérance qui lui sert de guide.

Anonyme. « Un Régicide en 1274 » . 15 juin 1843 (36, 8273).

  • Fait historique se passant à la cour de Hongrie au temps des Croisades. Le roi Conrad III, parti en Terre-Sainte, laisse l'administration du royaume entre les mains de son régent Bachanaus. Le comte de Moravie, frère de la reine, tombe amoureux de la femme du régent et, avec la complicité de sa soeur, la viole. Le coupable s'étant enfui, Bachanaus venge cet outrage en tuant la reine. Finalement, il se livre à la justice du roi, qui juge cet acte de revanche juste.

De Las Deûmès. Flavien. « Entre onze heures et minuit » . 9 mai 1843 (36, 8,251).

  • Ce conte surnaturel est présenté dans le cadre d'une histoire que le narrateur relate à une Mme Dorval, qui ne veut pas croire que la tristesse peut être belle. Selon le récit, un nommé Ernest pleure un soir la mort récente de sa bien-aimée. Tout-à-coup, son fantôme apparaît et lui parle de l'outre-tombe. Ernest revient chaque nuit au cimetière Saint-Louis de la Nouvelle-Orléans pour communiquer avec sa Marie décédée, jusqu'au soir où elle dit douter de sa constance et l'abandonne pour toujours.

—. « A bord du K… » . 16 mai 1843 (36, 8,257); 17 mai 43 (36, 8258).

  • L'histoire débute sur un navire faisant la traversée de Bordeaux à la Nouvelle-Orléans. L'un des passagers, Luidji Romani, qui avait suscité la curiosité des autres voyageurs, fait aveu de son amour pour une Créole nommée Angèle. Sa déclaration semble lui plaire, mais elle lui dit d'abandonner tout espoir, car « il n'y a pas d'hymen pour les cadavres » . Peu de temps après son arrivée à la Nouvelle-Orléans, Angèle lui envoie une lettre annonçant son décès prochain grâce à la tuberculose.

—. « Le Collège de Juilly en 1776 . 24 mai 1843 (36, 8264).

—. « Un Suicide à la Fausse-Rivière » . 2 juin 1843 (36, 8271); 3 juin 1843 (36, 8273); 5 juin 43 (36, 8274); 6 juin 1843 (36, 8275).

  • Présenté comme récit véridique, ce feuilleton relate la malheureuse histoire de Charles B., poète maudit qui se suicide en Louisiane après la mort subite de sa bien-aimée. B., républicain révolutionnaire vivant à Toulouse, tombe amoureux d'une actrice qu'on nomme « la St-Victor » . Plus tard, celle-ci meurt dans un accident sur le lac Oo, dans les Pyrénées. B. se réfugie en Louisiane, où, finalement, il voit le fantôme de la décédée et, ému, se donne la mort. Un témoin rapporte ces événements au narrateur, qui est de passage à la Fausse-Rivière (Louisiane).

—. « Anecdote sur Fanny et Thérésa Essler » . 17 juin 1843 (36, 8275).

  • Le narrateur, vivant en Louisiane, raconte une anecdote de ses années à Bordeaux. C'est à l'issu d'un spectacle de danse présenté par la très admirée Fanny Essler. Celle-ci est invitée à passer le lendemain au castel de M. Petipa en compagnie de quelques amis. Ils partent en bateau, alors qu'un orage les obligent de passer la nuit chez leur hôte. L'historiette se termine avec quelques incidents amusants: le fils de Petipa attend la soeur de Fanny dans son lit, les hommes réveillent les femmes en chantant.

—. « Un Frère de Judas » . 23 juin 1843 (36, 8280); 26 juin 1843 (36, 8282); 30 juin 1843 (36, 8287).

  • Drame de trahison placé dans le contexte du soulèvement socialiste tenté par Armand Barbès en 1839 en France. Julien, un jeune dissident qui a participé à la révolte, survit aux représailles effectuées par l'Etat, mais se voit trahi par Henri, qu'il croyait être son ami. Henri se dit amoureux de Léa, soeur de Julien; pourtant, celle-ci le repousse, d'où la haine qu'éprouve Henri envers Julien. Enfin, Julien est jugé coupable et condamné à la déportation, alors que Léa le venge en abattant de gendarme qui a déposé contre son frère.

—. « Deux Duels… pour rire » . 11 juillet 1843 (36, 8297); 12 juillet 1843 (36, 8298); 13 juillet 1843 (36, 8299); 14 juillet 1843 (36, 8300); 17 juillet 1843 (36, 8302); 19 juillet 1843 (36, 8304); 20 juillet 1843 (36, 8305).

  • Ce feuilleton comique, voire burlesque, se déroule entièrement à la Nouvelle-Orléans. Roussin, poète et chansonnier exubérant mais sans talent, tourmente chaque soir les résidents de la rue d'Orléans avec ses chansons. Il devient bientôt l'objet de dérision de trois jeunes gaillards, qui, tout en se faisant passer pour son ami, ne manquent pas de ridiculiser le chansonnier à tous les instants. Parmi leurs ruses, ils lui font se croire roi des poètes et l'incite à participer à deux duels truqués.

—. Mme de Montblancard. 18 avril 44 (37, 4018); 19 avril 1844 (37, 4019); 20 avril 1844 (37, 4020); 22 avril 1844 (37, 4,021); 24 avril 1844 (37, 4023); 30 avril 44 (vol.37, no.8,028); 4 mai 1844 (37, 8032); 10 mai 1844 (vol.37, no.8,037); 14 mai 1844 (37, 8040); 18 mai 1844 (37, 8044); 21 mai 1844 (37, 8046).

—. « Hudson Lowe » . 24 mai 1844 (37, 8049); 25 mai 1844 (37, 8050).

—. « Un Chapitre sans nom » . 1er juin 44 (37, 8056).

—. « Un Chapitre de l'histoire d'un corsaire » . 4 juin 1844 (37, 8058).

—. « Souvenirs du Quartier latin » . 7 juin 1844 (37, 8061).

de la Gracerie, Charles. « Le Jour des rois à St. Denis » . 4-9-44 (37, 8133); 5 sept. 1844 (37, 8134); 6 sept. 44 (37, 8135).

—. Les Mystères des bords du Mississippi. 18 nov. 1844 (37, 8193); 19 nov. 1844 (37, 8194); 20 nov. 1844 (37, 8195); 21 nov. 1844 (37, 8196); 22 nov. 1844 (37, 8197); 23 nov. 1844 (37, no.8199); 25 nov. 1844 (37, 8200); 26 nov. 1844 (37, 8201); 27 nov. 1844 (37, 8202); 28 nov. 1844 (37, 8203); 29 nov. 1844 (37, 8204); 30 nov. 1844 (37, 8205); 16 déc. 1844 (37, 8218); 17 déc 1844 (37, 8219); 18 déc. 1844 (37, 8220); 13 janv. 1845 (37, 8238); 14 janv. 1845 (37, 8239); 16 janv. 1845 (37, 8241); 17 janv. 1845 (37, 8242); 21 janv. 1845 (37, 8245); 22 janv. 1845 (37, 8246).

LeFranc, Louis. « Une Enigme » . 25 juillet 1843 (36, 8309); 28 juillet 1843 (36, 8312); 10 août 1843 (36, 3,823); 14 août 1843 (36, 3,826); 17 août 1843 (36, 3828); 19 août 1843 (36, 3830).

  • Althée Champlot, jeune Créole, embarque avec sa mère sur le navire Le Charles pour faire un séjour en France. Des corsaires attaquent le vaisseau, tuant Madame Champlot. Pourtant, un des bandits, Fernando, ému, laisse Althée s'évader sur un radeau. Plus tard, les autres pirates accusent Fernando de les avoir trahis épargnant la jeune femme. En même temps, Althée, devenue folle, parvient à la Nouvelle-Orleans, où son frère Edouard la soigne. Avant que les corsaires ne puissent condamner Fernando, il reçoivent un message disant que l'amnistie leur est garantie s'ils se rejoignent aux forces américaines qui doivent défendre la Nouvelle-Orléans contre les Anglais. Blessé au cours de cette célèbre bataille de la Nouvelle-Orléans, Fernando est emmené chez les Champlot, où Althée le reconnaît. Cette dernière recouvre la raison et Fernando meurt avant d'apprendre que la mère d'Althée, qu'il avait aidée à abattre, est aussi la sienne qu'il avait cru perdue depuis son enfance. Il nous manque le premier fascicule.

M.I. « La Marmite qui bout » . 6 juin 1843 (36, 8274).

  • Dans cet essai affirmant les bienfaits de l'invention, « M.I. » , qui semble être français, esquisse sa vision positiviste du progrès humain. L'auteur exploite notamment l'image de « la marmite qui bout » , c'est-à-dire la vapeur, que Watt a su dompter et qui a donné lieu à toutes les grandes avancées technologiques du XIXe siècle.

de Marsan, Henry. « Innocente Indiscrétion » . 9 août 1849 (41, 9614); 10 août 1849 (9615).

  • Feuilleton inachevé. L'action s'ouvre pendant la messe pascale de la cathédrale Saint-Louis à la Nouvelle-Orléans. Pendant l'office, l'aînée des quatre soeurs reçoit un billet de la part d'un admirateur. Une fois chez elle, la « délicieuse et chaste jeune fille » , que l'auteur ne nomme pas, peut le contempler en secret.

Mercier, Alfred. « L'Artiste amoureux » . 21 août 1844 (37, 8122); 23 août 1844 (37, 8124).

  • Oeuvre de jeunesse de Mercier, ce conte tragi-comique se passe principalement à Paris. Eugène, jeune artiste, achète un vilain portrait à un brocanteur que lui et ses amis tourmentent chaque jour de leurs farces. Caché derrière un portrait bâclé se trouve un tableau de Jacques-Louis David représentant une paysanne Toscane. Devenu obsédé de « la belle Toscane » , Eugène s'enferme dans son appartement avec sa trouvaille. Ses amis, habillés en policiers, entrent chez lui et immolent le tableau, ce qui pousse Eugène à la folie. Tous se rendent à Florence, où l'aliéné tombe amoureux de la soeur de sa paysanne et retrouve la raison.

Rémy, Henri. « Extrait de l'histoire de la Louisiane » . 8 mai 1843 (36, 8250); 15 mai 1843 (36, 8256); 23 mai 1843 (36, 8263); 30 mai 1843 (36, 8269); 1 juin 1843 (36, no.8271); 1 août 1843 (36, 8315); 2 août 1843 (vol.36, no. ,3816 [sic]).

  • Cette série de récits historiques présente plusieurs épisodes marquants de l'histoire de la Louisiane française. Le journal en publie cinq comme « Feuilletons du Courrier » . Rémy retrace les grands événements de la colonie sous la couronne de France: « La Prise de possession par Lasalle » , les tentatives de financement échouées de John Law, la « Disgrace de Bienville » , la « Première Guerre des Natchez » et, en un seul épisode en plusieurs fascicules, le « Massacre des Français par les Natchez » et les « Finances de 1743 » .